Combien de temps ?
Combien de temps avant que tu ne perdes le fil ?
Combien de temps avant que ton attention ne se disperse ?
Et si je ne disposais pas de suffisamment de temps pour te dire que j’ai vécu à vélo pendant huit ans ?
Et si tu ne me croyais pas ?
Et quelle idée saugrenue de ne pas donner son nom ?
C’est un pari fou ce texte. Cette cagnotte.
Enfin ! Enfin je suis enfin devenu fou ! Il était temps.
Des années à vélo, voilà, ça y est, j’ai perdu les pédales.
Quel soulagement.
A force de passer autant de temps sur un deux roues.
On finit bien par déjanter un jour.
Des photos et des vidéos. Voila.
De l’image.
C’est ce qu’on m’a répété.
Oui monsieur. Oui madame. De l’image.
Il faut du contenu.
Un jour, un vieil homme croisé sur la Route m’a dit : « Il nous faut du con-tenu en laisse. »
Un jour, une femme croisée sur la Route m’a dit de t’écrire. A toi. Toi la Cagnotte. Toi la collecte. Toile inconnue. Peinture des possibles.
Mais tu me crois n’est-ce pas ?
Huit ans à pédaler sur Terre, tu y crois ?
Et puis quoi ?
La belle affaire.
Le mécénat je n’en ai jamais voulu. Pas de sponsors non plus. Un arrière-grand-père boucher, voilà peut-être l’origine de décisions si tranchées, entre le billot de bois et le hachoir affuté.
Alors il a fallu bosser. Débiter de la buche sous -30.
Pelleter bouses et crottins. Récurer des chiottes de motels miteux. Servir des plats hors de prix. Retourner des steaks. Réparer, bricoler, vendre, louer, démonter, remonter, revendre, contabiliser, déduire, fermer la caisse et la fermer, vider les poubelles, repeindre des murs et en abattre d’autres. Sans oublier les coups de haches. Et des coups de haches. Et des coups de haches. Partout. Dans tous les pays. Partout.
Je suis en train de te perdre.
Une notification ? Un email ? Une promotion ? Une news toute fraiche ? Rien de tout ça ? Juste le temps écoulé ? Trop long. Beaucoup trop long. Trop de mots.
Trop de mots pour nous. Trop de mots à lire, à laisser entrer en soi.
La cuisine, la tambouille intérieure sature.
Le Chef cuistot sue à grosse gouttes.
L’image ! L’image mon vieux. L’image c’est tellement mieux. L’image c’est le plat préparé, commandé sur l’application. L’image c’est le monde qui vient à nous. Sans douleur. Sans effort. C’est si rassurant. C’est si doux.
Alors à quoi bon ?
A moi d’affuter les couteaux. Préparer le plan de travail. Aligner les petits pains et les gros légumes. Ciseler les fines herbes. Faire revenir mes oignons et échalotes dans un bon beurre salé artisanal… Que tous les parfums s’élèvent, prêts pour la danse des saveurs, l’alchimie des gouts.
Que tous ces mots ne soient plus uniquement des mots, bêtement alignés.
Que tous ces mots ne soient pas un algorithme.
Peut-être un algo-rythme.
Alors dis-moi ?
Tu aimerais m’aider ?
J’aimerais poursuivre mon existence à vélo sur cette planète.
Mais aujourd’hui les caisses sont vides.
Je suis dans un pays. Je ne te dirais pas lequel. Ce n’est pas mon pays d’origine.
J’ai roulé 60 000 km. Je crois. A la louche.
Pas d’hôtels, pas d’auberges. Juste les gens et toutes les autres étoiles.
Juste la Route.
Mais tu ne sais rien de moi
Pas plus que celui qui m’ouvre sa porte, quand tombe la nuit.
Pas plus que celle qui m’ouvre les bras et m’invite à la table de sa famille.
Pas plus que ces gens auquel j’offre mes mains, mes bras en échange du toit ou de la soupe.
Tu ne sais rien et pourtant je suis là, vulnérable, à frapper à ta porte.
C’est un pari fou ce texte. Cette cagnotte.
Enfin ! Enfin je suis enfin devenu fou ! Il était temps.
Des années à vélo, voilà, ça y est, j’ai perdu les pédales.
Quel soulagement.
A force de passer autant de temps sur un deux roues.
On finit bien par déjanter un jour.
J’aimerais pouvoir continuer sur cette Route.
Suivre les petits chemins.
Ceux qui ne cessent de me ramener vers la vie.
Ceux qui surprennent et soignent.
Tu y crois toi ?
Il te faut plus d’informations ? Des preuves ?
Ou plus de mots ? Un festival de mots ? Avec des personnages haut en couleurs, des hommes torturés et des femmes fortes ? Des petits récits de vies, insignifiantes et grandiose à la fois ?
Des non-essentielles à foison ? Des visages ? Des visages qui rient ? Des visages sombres ? Des morts ? Des vivants ? Du sang ? Du sable ?
Les sombres héros de la mer et de la terre, réunis dans une farandole de mots ?
Ce serait beau. Ce sera beau.
Tout ce qui se dévoile est beau.
Ce qui tombe très bien.
J’ai la roue arrière voilée.
Dis, tu m’aide à la dévoilée ?
Dis, tu m’aide à écrire sur ces dernières années sur la Route ?
Voilà, j’en ai trop dit. C’est un texte bien trop long pour nous.
Merci.
Mille fois MERCI, Animal Lecteur.
Papayoux : Bienvenue sur cette cagnotte !
Vous pouvez participer à cette cagnotte avec votre carte bancaire. Tous les paiements sont sécurisés. Vous pouvez déposer un message pour le bénéficiaire.
0
000
End date : 25/12/2022
Average basket : 0 €
Target : 300 €
